A nos Mères, Ruah, Gaïa et Hava

Un petit poème sur nos Mères, divines ?, ancêtres ?, qui nous guident.

FÉMINISMEMYTHEFEMMEPOËSIEEARTH SYSTEM SCIENCE

Lambert van Dinteren

2/26/20242 min lire

A nos Mères

Rouah s’appelle notre Arrière-Grand-Mère-d’avant-les-Débuts,

ce qui veut dire

‘légère brise’ mais aussi ‘vent de tempête’

‘haleine’ et ‘inspiration’

‘souffle de vie’ et ‘dernier souffle’.

Rouah a appelé à la vie notre Grand-Mère Donna-Vie,

celle qui a fait naître plantes et animaux.

Rouah est invisible comme l’est l’air, mais elle n’est pas l’air.

Elle est profonde comme la grotte dont nous sommes issus,

mais elle n’est pas la grotte.

Elle est éloignée comme la-lumière-de-jour,

proche comme la langue dans notre bouche,

rassurante comme la flamme du feu la nuit,

mystérieuse comme la-lumière-qui-se-meurt-et-renaît,

petite comme les poux dans nos cheveux,

grande comme Gaïa qu’elle a appelée à l’existence,

mais Rouah n’est pas la lumière, ni la langue, ni la flamme, ni les poux,

ni Gaïa qu’elle a pourtant appelée à l’existence.

C’est elle, notre Grand-Mère des Débuts, Gaïa

qui a été visitée par Univers, lui qui l’a mis enceinte de la Vie ;

Gaïa qui a, après des temps insondables,

vu sortir de ses eaux les petits êtres-que-nous-ne-voyons-guère,

vu émerger de son corps les plantes,

donné naissance aux animaux en nous laissant sortir de sa grotte.

Parmi les animaux est née notre Mère, Hava,

celle qui confie ses soucis à la Grande-qui-vole-et-qui-fréquente-l’esprit-qui-est-en-haut

celle qui demande conseil à Celui-qui-glisse-sur-la-terre-et-habite-la-grotte-dont-nous-sommes-issus.

Elle nous a appris comment vivre en paix, comment demander pardon à la terre

quand nous coupons le maïs ou déterrons les racines pour manger,

comment remercier

pour les fruits que nous récoltons et pour l’eau que nous buvons.

Hava nous mettait en garde

de ne tuer un animal que quand c’est inévitable

et de n’en manger que quand l’hiver fait maigrir nos enfants.

Et nous, femmes, hommes,

nous connaissions

dès les Débuts

la tentation de manger plus que de nécessaire les délicieux lapins, poissons et poules,

le penchant à s’approprier la plus belle femme et de prendre du plaisir avec elle, malgré elle,

la fascination des stocks de nourriture pour ne jamais manquer, et qui pourrissent dans leur coin,

l’attrait des meilleures terres, occupées par nos cousins,

la fascination pour la force des hommes qui s’impose dans la bataille.

Nous connaissions tout cela.

Mais nous savions aussi

le plaisir de voir les lapins nous approcher et de nous satisfaire des fruits,

la joie de respecter notre Mère Gaïa et d’avoir confiance qu’elle y pourvoira,

la douceur des amours consenties, joueuses, pleines de douceur et de complicité,

la paix qui règne si nous partageons avec nos frères,

la délicatesse des femmes qui nous gâtent et nous corrigent en douceur.

Et nous savions commet vivre

grâce à nos femmes,

grâce à la force et la douceur,

grâce au plaisir et à la capacité de souffrir,

grâce à l’abondance et l’abstinence,

grâce à nos cris et à notre écoute.

Oui, nous savions comment être

grâce à la sagesse de notre Première Mère, grâce à Hava,

et à sa Mère Gaïa, Mère de toute Vie,

et à sa Grand-Mère Rouah, souffle de vie,

honneur à elles

à jamais.