La vie dans le sol

De quoi allons-nous parler dans cette section du Blog ?

Ici nous parlons du sol. Mais c’est quoi au juste, ce sol ? La base de notre vie. Nous vivons sur le sol, nous construisons nos maisons dessus, nous semons nos légumes dedans, nous en extrayons du sable, de l'argile …

‘Terre à terre’, nous en avons besoin pour vivre, pour notre ‘survie physique’.

'Entre ciel et terre' nous y trouvons des ‘métaphores’ aussi. Nous vivons ‘les pieds sur terre’, vivons ‘des fruits de la terre’, en 'mettant les mains dans la boue'. Si nous avons de la chance nous avons ‘un petit lopin de terre’. Beaucoup d’entre nous se réalisent qu’il nous faut aujourd’hui ‘un retour à la terre’. On peut 'se flanquer par terre’, ‘'se remettre debout', se rouler par terre’ et nous finirons de toutes les façons ‘six pieds sous terre’.

Mais 'la terre' c'est avant tout, avant nous, un monde qui regorge de vie. Racines des plantes, hyphes des champignons, bactéries, virus, vers, araignées, acariens, myriapodes, insectes, nématodes ... jusqu'aux taupes et serpents. Des millions d'espèces différentes!

Ce sol, cette terre, est issu de millions d’années de formation lente et par moment turbulente; les volcans et la tectonique, l’eau et les vents, le travail assidu de milliards et milliards de microbes ...

Ce sol est aujourd’hui largement mutilé, refaçonné, labouré, transformé en profondeur par l’humain. Cela a commencé il y a dix mille ans quand l’humanité a commencé l’agriculture. Avant cela, l’Homme en a déjà changé l’apparence; depuis quatre cent mille ans il utilisae le feu pour créer des prairies pour les herbivores qui sont ainsi plus facile à chasser. Il a aussi conservé certaines plantes qu'il a transporté sur ses voyages et qui se sont implantés dans des habitats nouveaux. Cette influence humaine ne représente que 0,1% au plus de l’histoire des sols, mais elle est responsable de la dégradation de 25% des sols sur la planète à laquelle il faut rajouter le pourcentage de sols artificialisés (8% en France par exemple).

Nous voyons un emballement de ces processus depuis le vingtième siècle avec un recours massif aux engrais chimiques, pesticides, herbicides, agrandissement des parcelles, destruction de haies, utilisation d’engins toujours plus lourds, irrigation pour l’agriculture ; l’introduction de monocultures pour l’agriculture et la foresterie ; la déforestation pour l’élevage et l’agriculture ; la pollution par l’industrie directement, et indirectement ; l’urbanisation et le développement des réseaux routiers.

Alors, on ne peut que dire, avec Marc-André Selosse, que nous ‘piétinons le sol’, que nous 'crachons' sur le cadeau que nous avons reçu, que nous 'pillons' l’héritage de nos enfants. Si nous nous rappelons qu’il n’y a pas de vie sans sol, il y a de quoi s’inquiéter.

Pour autant, il y a des points d’espoir. L’humain peut améliorer les sols, voire même les guérir. La nature cache des forces de guérison, des solutions thérapeutiques (champignons, bactéries et plantes qui savent dépolluer, apporter des molécules phytosanitaires, refaire du sol par la décomposition des ‘déchets’ organiques, …)

Et nous avons des éléments de récit pour soutenir un changement. Nous pouvons trouver des éléments dans les mythes anciens : ’image de la Terre-Mère nous renvoie au respect ; respect que nous devons à notre mère. Cette image renvoie aussi à l’accouchement douloureux, à l’effort quasi surhumain de la femme, à son courage, à l’énergie primordiale qui est en elle. C’est la Force Primordiale de la Terre et de la Femme. Et il y a l’image de l’humain fait de la glèbe, poussière de poussière, et il y a donc solidarité intime entre lui et le sol.

Et nous avons les éléments de mythe provenant de connaissances scientifique.

Nous sommes que tout petits, au regard de l’histoire de la Terre, au regard de l’immensité de l’Univers. Toutefois, le sol qui est là depuis si longtemps, semble avoir été créé ‘pour nous accueillir’ et nous nourrir.

Le sol est ‘nourricier’ dans le sens qu’il nous donne les aliments ‘comme une mère’ le fait à son enfant. Il est comme ‘un corps’ vivant, qui crée l’Atmosphère ‘par son souffle’ et qui nous donne l’eau ‘par ses larmes’. Il nous permet de vivre sur lui et de cultiver en creusant ‘son épiderme’. Et il est ‘fertile’ ; il crée la vie.

Le sol regorge de vie, plus que n’importe quelle autre partie de notre planète. Et parmi cette vie il y a concurrence, il y a ceux qui parasitent ou qui tuent, mais il y a aussi entraide. Et ce n’est pas accessoire, non, cette entraide est très présente et joue dans la survie de la plupart des plantes et autres organismes.

Ce sol nous apprend quelque chose sur comment dépasser les difficultés par ‘le réseautage’, par le vivre ‘en relation’.

Tout cela, on va l’aborder à travers les différents billets (posts) de cette partie du Blog; Que dit la biologie du sol? Et quels modèles et métaphores pourrions nous y trouver pour créer un 'mythe scientifique', un récit qui nous aide à avancer dans le monde d'aujourd'hui avec ses menaces et ses défis ? Comment parlent les anciens mythes du sol et est-ce que nous pouvons faire un lien entre ces anciens mythes et le nouveau récit que nous voulons créer? Et si nous mettons nous mêmes les mains dans la boue, qu'apprenons nous? Ce sont des petits bouts d'histoire. Vous pouvez, vous-même, faire des liens, tirer les conclusions, en user comme bien vous semble. Bonne lecture.